法语阅读素材整理:我的叔叔于勒

全国等级考试资料网 2019-01-20 09:10:05 54

Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aum?ne. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit:

 


- Ce misérable m’a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :

 


Ma famille, originaire du Havre, n’était pas riche. On s’en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J’avais deux soeurs.

 


Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n’existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante. On économisait sur tout ; on n’acceptait jamais un d?ner, pour n’avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique Mes soeurs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix du galon qui valait quinze centimes le mètre. Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et boeuf accommodé à toutes les sauces Cela est sain et réconfortant, parait-il ; j’aurais préféré autre chose.

 


On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés.

 


Mais chaque dimanche nous allions faire notre tour de jetée en grande tenue.

 


Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants, offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête. Mes soeurs, prêtes les premières, attendaient le signal du départ ; mais, au dernier moment, on découvrait toujours une tache oubliée sur la redingote du père de famille, et il fallait bien vite l’effacer avec un chiffon mouillé de benzine.

 


Mon père, gardant son grand chapeau sur la tête, attendait, en manches de chemise, que l’opération f?t terminée, tandis que ma mère se hatait, ayant ajusté ses lunettes de myope, et ?té ses gants pour ne les pas gater.

 


On se mettait en route avec cérémonie. Mes soeurs marchaient devant, en se donnant le bras. Elles étaient en age de mariage, et on en faisait montre en ville. Je me tenais à gauche de ma mère, dont mon père gardait la droite. Et je me rappelle l’air pompeux de mes pauvres parents dans ces promenades du dimanche, la rigidité de leurs traits, la sévérité de leur allure. Ils avan?aient d’un pas grave, le corps droit, les jambes raides, comme si une affaire d’une importance extrême e?t dépendu de leur tenue.

 


Et chaque dimanche, en voyant entrer les grands navires qui revenaient de pays inconnus et lointains, mon père pronon?ait invariablement les mêmes paroles :

 


- Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise ! Mon oncle Jules, le frère de mon père, était le seul espoir de la famille, après en avoir été la terreur. J’avais entendu parler de lui depuis mon enfance, et il me semblait que je l’aurais reconnu du premier coup, tant sa pensée m’était devenue familière. Je savais tous les détails de son existence jusqu’au jour de son départ pour l’Amérique, bien qu’on ne parlat qu’à voix basse de cette période de sa vie.

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