法语小说阅读:包法利夫人(32)
TROISIEME PARTIE IX. Il y a toujours, après la mort de quelqu’un, comme une stupéfaction qui se dégage, tant il est difficile de comprendre cette survenue du néant et de se résigner à y croire. Mais, quand il s’aper ut pourtant de son immobilité, Charles se jeta sur elle en criant : -- Adieu ! adieu ! Homais et Canivet l’entra nèrent hors de la chambre. -- Modérez-vous ! -- Oui, disait-il en se débattant, je serai raisonnable, je ne ferai pas de mal. Mais laissez-moi ! je veux la voir ! c’est ma femme ! Et il pleurait. -- Pleurez, reprit le pharmacien, donnez cours à la nature, cela vous soulagera ! Devenu plus faible qu’un enfant, Charles se laissa conduire en bas, dans la salle, et M. Homais, bient t, s’en retourna chez lui. Il fut, sur la place, accosté par l’aveugle, qui, s’étant tra né jusqu’à Yonville, dans l’espoir de la pommade antiphlogistique, demandait à chaque passant où demeurait l’apothicaire. - Allons, bon ! comme si je n’avais pas d’autres chiens à fouetter ! Ah ! tant pis, reviens plus tard ! Et il entra précipitamment dans la pharmacie. Il avait à écrire deux lettres, à faire une potion calmante pour Bovary, à trouver un mensonge qui p t cacher l’empoisonnement et à le rédiger en article pour le Fanal , sans compter les personnes qui l’attendaient, afin d’avoir des informations ; et, quand les Yonvillais eurent tous entendu son histoire d’arsenic qu’elle avait pris pour du sucre, en faisant une crème à la vanille, Homais, encore une fois, retourna chez Bovary. Il le trouva seul ( M. Canivet venait de partir ) , assis dans le fauteuil, près de la fenêtre, et contemplant d’un regard idiot les pavés de la salle. -- Il faudrait à présent, dit le pharmacien, fixer vous-même l’heure de la cérémonie. -- Pourquoi ? Quelle cérémonie ? Puis, d’une voix balbutiante et effrayée : -- Oh ! non, n’est-ce pas ? non, je veux la garder. Homais, par contenance, prit une carafe sur l’étagère pour arroser les géraniums. -- Ah ! merci, dit Charles, vous êtes bon ! Et il n’acheva pas, suffoquant sous une abondance de souvenirs que ce geste du pharmacien lui rappelait. Alors, pour le distraire, Homais jugea convenable de causer un peu horticulture ; les plantes avaient besoin d’humidité. Charles baissa la tête en signe d’approbation. -- Du reste, les beaux jours maintenant vont revenir. -- Ah ! fit Bovary. L’apothicaire, à bout d’idées, se mit à écarter doucement les petits rideaux du vitrage. -- Tiens, voilà M. Tuvache qui passe. Charles répéta comme une machine : -- M. Tuvache qui passe. Homais n’osa lui reparler des dispositions funèbres ; ce fut l’ecclésiastique qui parvint à l’y résoudre. Il s’enferma dans son cabinet, prit une plume, et, après avoir sangloté quelque temps, il écrivit : Je veux qu’on l’enterre dans sa robe de noces, avec des souliers blancs, une couronne. On lui étalera ses cheveux sur les épaules ; trois cercueils, un de chêne, un d’acajou, un de plomb. Qu’on ne me dise rien, j’aurai de la force. On lui mettra par-dessus toute une grande pièce de velours vert. Je le veux. Faites-le. Ces messieurs s’étonnèrent beaucoup des idées romanesques de Bovary, et aussit t le pharmacien alla lui dire : -- Ce velours me para t une superfétation. La dépense, d’ailleurs... -- Est-ce que cela vous regarde ? s’écria Charles. Laissez-moi ! vous ne l’aimiez pas ! Allez-vous-en ! L’ecclésiastique le prit par-dessous le bras pour lui faire faire un tour de promenade dans le jardin. Il discourait sur la vanité des choses terrestres. Dieu était bien grand, bien bon ; on devait sans murmure se soumettre à ses décrets, même le remercier. Charles éclata en blasphèmes. -- Je l’exècre, votre Dieu ! -- L’esprit de révolte est encore en vous, soupira l’ecclésiastique. Bovary était loin. Il marchait à grands pas, le long du mur, près de l’escalier, et il grin ait des dents, il levait au ciel des regards de malédiction ; mais pas une feuille seulement n’en bougea. 相关资料 |