法语小说阅读:包法利夫人(29)
TROISIEME PARTIE VI. Dans les voyages qu’il faisait pour la voir, Léon souvent avait d né chez le pharmacien, et s’était cru contraint, par politesse, de l’inviter à son tour. -- Volontiers ! avait répondu M. Homais ; il faut, d’ailleurs, que je me retrempe un peu, car je m’encro te ici. Nous irons au spectacle, au restaurant, nous ferons des folies ! -- Ah bon ami ! murmura tendrement madame Homais, effrayée des périls vagues qu’il se disposait à courir. -- Eh bien, quoi ? tu trouves que je ne ruine pas assez ma santé à vivre parmi les émanations continuelles de la pharmacie ! Voilà, du reste, le caractère des femmes : elles sont jalouses de la Science, puis s’opposent à ce que l’on prenne les plus légitimes distractions. N’importe, comptez sur moi ; un de ces jours, je tombe à Rouen et nous ferons sauter ensemble les monacos . L’apothicaire, autrefois, se f t bien gardé d’une telle expression ; mais il donnait maintenant dans un genre folatre et parisien qu’il trouvait du meilleur go t ; et, comme madame Bovary, sa voisine, il interrogeait le clerc curieusement sur les moeurs de la capitale, même il parlait argot afin d’éblouir... les bourgeois, disant turne , bazar , chicard , chicandard , Breda-street , et Je me la casse pour : Je m’en vais. Donc, un jeudi, Emma fut surprise de rencontrer, dans la cuisine du Lion d’Or , M. Homais en costume de voyageur, c’est-à-dire couvert d’un vieux manteau qu’on ne lui connaissait pas, tandis qu’il portait d’une main une valise, et, de l’autre, la chancelière de son établissement. Il n’avait confié son projet à personne, dans la crainte d’inquiéter le public par son absence. L’idée de revoir les lieux où s’était passée sa jeunesse l’exaltait sans doute, car tout le long du chemin il n’arrêta pas de discourir ; puis, à peine arrivé, il sauta vivement de la voiture pour se mettre en quête de Léon ; et le clerc eut beau se débattre, M. Homais l’entra na vers le grand Café de Normandie , où il entra majestueusement sans retirer son chapeau, estimant fort provincial de se découvrir dans un endroit public. Emma attendit Léon trois quarts d’heure. Enfin elle courut à son étude, et, perdue dans toutes sortes de conjectures, l’accusant d’indifférence et se reprochant à elle-même sa faiblesse, elle passa l’après-midi le front collé contre les carreaux. Ils étaient encore à deux heures attablés l’un devant l’autre. La grande salle se vidait ; le tuyau du poêle, en forme de palmier, arrondissait au plafond blanc sa gerbe dorée ; et près d’eux, derrière le vitrage, en plein soleil, un petit jet d’eau gargouillait dans un bassin de marbre où, parmi du cresson et des asperges, trois homards engourdis s’allongeaient jusqu’à des cailles, toutes couchées en pile, sur le flanc. Homais se délectait. Quoiqu’il se grisat de luxe encore plus que de bonne chère, le vin de Pomard, cependant, lui excitait un peu les facultés, et, lorsque apparut l’omelette au rhum, il exposa sur les femmes des théories immorales. Ce qui le séduisait par-dessus tout, c’était le chic . Il adorait une toilette élégante dans un appartement bien meublé, et, quant aux qualités corporelles, ne détestait pas le morceau. Léon contemplait la pendule avec désespoir. L’apothicaire buvait, mangeait, parlait. -- Vous devez être, dit-il tout à coup, bien privé à Rouen. Du reste, vos amours ne logent pas loin. Et, comme l’autre rougissait : -- Allons, soyez franc ! Nierez-vous qu’à Yonville... ? Le jeune homme balbutia. -- Chez madame Bovary, vous ne courtisiez point... ? -- Et qui donc ? -- La bonne ! Il ne plaisantait pas ; mais, la vanité l’emportant sur toute prudence, Léon, malgré lui, se récria. D’ailleurs, il n’aimait que les femmes brunes. -- Je vous approuve, dit le pharmacien ; elles ont plus de tempérament. Et se penchant à l’oreille de son ami, il indiqua les sympt mes auxquels on reconnaissait qu’une femme avait du tempérament. Il se lan a même dans une digression ethnographique : l’Allemande était vaporeuse, la Fran aise libertine, l’Italienne passionnée. 相关资料 |