法语精选小说阅读:羊脂球(2)
La Garde nationale qui, depuis deux mois, faisait des reconnaissances très prudentes dans les bois voisins, fusillant parfois ses propres sentinelles, et se préparant au combat quand un petit lapin remuait sous des broussailles, était rentrée dans ses foyers. Ses armes, ses uniformes, tout son attirail meurtrier, dont elle épouvantait naguère les bornes des routes nationales à trois lieues à la ronde, avaient subitement disparu. Les derniers soldats fran ais venaient enfin de traverser la Seine pour gagner Pont-Audemer par Saint-Sever et Bourg-Achard; et, marchant après tous, le général désespéré, ne pouvant rien tenter avec ces loques disparates, éperdu lui-même dans la grande débacle d’un peuple habitué à vaincre et désastreusement battu malgré sa bravoure légendaire, s’en allait à pied, entre deux officiers d’ordonnance. Puis un calme profond, une attente épouvantée et silencieuse avaient plané sur la cité. Beaucoup de bourgeois bedonnants, émasculés par le commerce, attendaient anxieusement les vainqueurs, tremblant qu’on ne considérat comme une arme leurs broches à r tir ou leurs grands couteaux de cuisine. La vie semblait arrêtée; les boutiques étaient closes, la rue muette. Quelquefois un habitant, intimidé par ce silence, filait rapidement le long des murs. L’angoisse de l’attente faisait désirer la venue de l’ennemi. Dans l’après-midi du jour qui suivit le départ des troupes fran aises, quelques uhlans, sortis on ne sait d’où, traversèrent la ville avec célérité. Puis, un peu plus tard, une masse noire descendit de la c te Sainte-Catherine, tandis que deux autres flots envahisseurs apparaissaient par les routes de Darnetal et de Boisguillaume. Les avant-gardes des trois corps, juste au même moment, se joignirent sur la place de l’H tel-de-Ville; et, par toutes les rues voisines, l’armée allemande arrivait, déroulant ses bataillons qui faisaient sonner les pavés sous leur pas dur et rythmé. Des commandements criés d’une voix inconnue et gutturale montaient le long des maisons qui semblaient mortes et désertes, tandis que, derrière les volets fermés, des yeux guettaient ces hommes victorieux, ma tres de la cité, des fortunes et des vies, de par le "droit de guerre". Les habitants, dans leurs chambres assombries, avaient l’affolement que donnent les cataclysmes, les grands bouleversements meurtriers de la terre, contre lesquels toute sagesse et toute force sont inutiles. Car la même sensation repara t chaque fois que l’ordre établi des choses est renversé, que la sécurité n’existe plus, que tout ce que protégeaient les lois des hommes ou celles de la nature, se trouve à la merci d’une brutalité inconsciente et féroce. Le tremblement de terre écrasant sous des maisons croulantes un peuple entier; le fleuve débordé qui roule les paysans noyés avec les cadavres des boeufs et les poutres arrachées aux toits, ou l’armée glorieuse massacrant ceux qui se défendent, emmenait les autres prisonniers, pillant au nom du Sabre et remerciant un Dieu au son du canon, sont autant de fléaux effrayants qui déconcertent toute croyance à la justice éternelle, toute la confiance qu’on nous enseigne en la protection du ciel et en la raison de l’homme. Mais à chaque porte des petits détachements frappaient, puis disparaissaient dans les maisons. C’était l’occupation après l’invasion. Le devoir commen ait pour les vaincus de se montrer gracieux envers les vainqueurs. 自从两个月以来,本市的国民防护队已经很小心地在附近各处森林中间做过好些侦察工作,偶尔还放枪误伤了自己的哨兵,有时候遇着一只小兔子在荆棘丛里动弹,他们就预备作战,现在他们都回家了。器械和服装,以及从前一切被他们拿着在市外周围三法里一带的国道边上去吓唬人的凶器,现在都忽然通通不见了。 法国最后的那些士兵终于渡过了塞纳河,从汕塞韦和布尔阿沙转到俄德枚桥去;走在最后的是位师长,他拿着这些乱糟糟的残兵败将固然想不出一点办法,望着一个徒负盛名的善战民族竟至于因为惨败而崩溃,他也万念俱灰,只有两个副官陪着他徒步走着。 随后,市区笼罩着一种深沉的宁静气氛和一种使人恐怖的寂寞等候状态。很多被商业弄昏了头脑的大肚子富翁都愁闷地等候战胜者,想起自己厨房里的烤肉铁叉和斩肉大刀设若被人当做武器看待,都不免浑身发抖。 相关资料 |