法语小说阅读:三个火枪手(21)
-- Monsieur le cardinal, vous savez que je n’aime pas tous les plaisirs mondains. -- La reine ne vous en sera que plus reconnaissante, puisqu’elle sait votre antipathie pour ce plaisir ; d’ailleurs ce sera une occasion pour elle de mettre ces beaux ferrets de diamants que vous lui avez donnés l’autre jour à sa fête, et dont elle n’a pas encore eu le temps de se parer. -- Nous verrons, Monsieur le cardinal, nous verrons, dit le roi, qui, dans sa joie de trouver la reine coupable d’un crime dont il se souciait peu, et innocente d’une faute qu’il redoutait fort, était tout prêt à se raccommoder avec elle ; nous verrons, mais, sur mon honneur, vous êtes trop indulgent. -- Sire, dit le cardinal, laissez la sévérité aux ministres, l’indulgence est la vertu royale ; usez-en, et vous verrez que vous vous en trouverez bien. " Sur quoi le cardinal, entendant la pendule sonner onze heures, s’inclina profondément, demandant congé au roi pour se retirer, et le suppliant de se raccommoder avec la reine. Anne d’Autriche, qui, à la suite de la saisie de sa lettre, s’attendait à quelque reproche, fut fort étonnée de voir le lendemain le roi faire près d’elle des tentatives de rapprochement. Son premier mouvement fut répulsif, son orgueil de femme et sa dignité de reine avaient été tous deux si cruellement offensés, qu’elle ne pouvait revenir ainsi du premier coup ; mais, vaincue par le conseil de ses femmes, elle eut enfin l’air de commencer à oublier. Le roi profita de ce premier moment de retour pour lui dire qu’incessamment il comptait donner une fête. C’était une chose si rare qu’une fête pour la pauvre Anne d’Autriche, qu’à cette annonce, ainsi que l’avait pensé le cardinal, la dernière trace de ses ressentiments disparut sinon dans son coeur, du moins sur son visage. Elle demanda quel jour cette fête devait avoir lieu, mais le roi répondit qu’il fallait qu’il s’entend t sur ce point avec le cardinal. En effet, chaque jour le roi demandait au cardinal à quelle époque cette fête aurait lieu, et chaque jour le cardinal, sous un prétexte quelconque, différait de la fixer. Dix jours s’écoulèrent ainsi. Le huitième jour après la scène que nous avons racontée, le cardinal re ut une lettre, au timbre de Londres, qui contenait seulement ces quelques lignes : " Je les ai ; mais je ne puis quitter Londres, attendu que je manque d’argent ; envoyez-moi cinq cents pistoles, et quatre ou cinq jours après les avoir re ues, je serai à Paris. " Le jour même où le cardinal avait re u cette lettre, le roi lui adressa sa question habituelle. Richelieu compta sur ses doigts et se dit tout bas : " Elle arrivera, dit-elle, quatre ou cinq jours après avoir re u l’argent ; il faut quatre ou cinq jours à l’argent pour aller, quatre ou cinq jours à elle pour revenir, cela fait dix jours ; maintenant faisons la part des vents contraires, des mauvais hasards, des faiblesses de femme, et mettons cela à douze jours. -- Eh bien, Monsieur le duc, dit le roi, vous avez calculé ? -- Oui, Sire : nous sommes aujourd’hui le 20 septembre ; les échevins de la ville donnent une fête le 3 octobre. Cela s’arrangera à merveille, car vous n’aurez pas l’air de faire un retour vers la reine. " Puis le cardinal ajouta : " A propos, Sire, n’oubliez pas de dire à Sa Majesté, la veille de cette fête, que vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants. 相关资料 |