新概念法语阅读辅导:波德莱尔《恶之花》之致读者

全国等级考试资料网 2019-01-17 15:58:49 188

Au lecteur

La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,

Occupent nos esprits et travaillent nos corps,

Et nous alimentons nos aimables remords,

Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;

Nous nous faisons payer grassement nos aveux,

Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,

Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste

Qui berce longuement notre esprit enchanté,

Et le riche métal de notre volonté

Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !

Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;

Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas,

Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu’un débauché pauvre qui baise et mange

Le sein martyrisé d’une antique catin,

Nous volons au passage un plaisir clandestin

Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d’helminthes,

Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,

Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons

Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie,

N’ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins

Le canevas banal de nos piteux destins,

C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,

Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,

Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,

Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !

Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,

Il ferait volontiers de la terre un débris

Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui ! - l’oeil chargé d’un pleur involontaire,

Il rêve d’échafauds en fumant son houka.

Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,

- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !

告读者

读者们啊,谬误,罪孽、吝啬、愚昧,

占据人的精神,折磨人的肉体,

就好像乞丐喂养他们的虱子;

我们喂养着我们可爱的痛悔。

我们的罪顽固,我们的悔怯懦;

我们为坦白要求巨大的酬劳,

我们高兴地走上泥泞的大道,

以为不值钱的泪能洗掉污浊。

在恶的枕上,三倍伟大的撒旦,

久久抚慰我们受蛊惑的精神,

我们的意志是块纯净的黄金,

却被这位大化学家化作轻烟。

是魔鬼牵着使我们活动的线!

腐败恶臭,我们觉得魅力十足;

每天我们都向地狱迈进一步,

穿过恶浊的黑夜却并无反感。

像一个贫穷的荡子,亲吻吮吸

一个老妓的备受摧残的乳房,

我们把路上偷来的快乐隐藏,

紧紧抓住,像在挤一技老橙子。

像万千蠕虫密匝匝挤到一处,

一群魔鬼在我们脑子里狂饮,

我们张口呼吸,胸膛里的死神,

就像看不见的河,呻吟着奔出。

如果说奸淫、毒药、匕首和火焰

尚未把它们可笑滑稽的图样

绣在我们的可悲的命运之上,

唉!那是我们的灵魂不够大胆。

我们罪孽的动物园污秽不堪,

有豺,豹子、母狗、猴子、蝎子、秃鹫,

还有毒蛇,这些怪物东奔西走,

咆哮,爬行,发出了低沉的叫喊,

有一个更丑陋、更凶恶、更卑鄙!

它不张牙舞爪,也不大喊大叫,

却往往把大地化作荒芜不毛,

还打着哈欠将世界一口吞噬。

它叫“厌倦”!—眼中带着无意的泪。

它吸着水烟筒,梦想着断头台,

读者,你认识这爱挑剔的妖怪,

—虚伪的读者,—我的兄弟和同类!

郭宏安 译

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